Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

samedi 9 mars 2013

4° dimanche de Carême C

 Voilà qu’il fait bon accueil aux pêcheurs et mange avec eux ! Lui qui se dit prophète, comme un peut il manger à côté des pécheurs ? C'est interdit !
Alors Jésus raconte l’une des plus belles paraboles qui soient.

Un homme avait deux fils
Le plus jeune demande à son père :  donne-moi la part d'héritage qui me revient
Le plus jeune demande son héritage ! en fait, qu'il considère son père comme déjà comme mort !
– et que fait son père ? Il partage humblement son bien. Il ne dit rien. Il ne dit pas:  «mon fils ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu fais ? Est-ce que tu te rends compte de la sueur qui a coulé sur mon visage pour obtenir tous ces biens ?
Non, il partage dans le silence.

Alors le plus jeune gaspilla sa fortune dans une vie de désordre. Mais l’épreuve arrive, une grande famine. Et, de cette épreuve va naître une renaissance. Mais dans un premier temps, il a faim. Il voudrait bien manger ce que mangent les porcs.

Alors il réfléchit tant d'ouvriers  chez mon père sont dans l'abondance et moi ici je n'ai rien.
Le cadet ne triche pas, il n'est pas dans l'autojustification, il est dans la vérité. Il se souvient de la maison de son père.  Des repas pris en famille, de la bonne ambiance, du cœur de son père.
La mémoire de la maison du Père, fait naître en lui l'espérance.
J'ai blessé l'amour de mon père, mais je vais revenir à lui et je lui dirais «père j'ai péché contre toi et contre le ciel, prends-moi comme l’ un de tes ouvriers.
– Il va se présenter humblement à son père. Il sait qu'en demandant l'héritage, il a perdu sa dignité de fils. Il va se présenter à l'unique tendresse qu'il a connue.

Le père l'aperçoit alors qu'il est encore loin. C'est-à-dire que chaque jour, à chaque instant il sort de sa maison pour jeter un regard au loin sur l'horizon en espérant follement son retour. Dans sa maison on se moque du Père, on le prend un peu pour un vieillard qui a perdu la tête.
Mais lorsqu’il aperçoit son fils, il est saisi de pitié. Il va, sans regarder l'humiliation, se jeter à son cou et le couvrit du baiser. Il aurait pu l’attendre comme un patriarche restant à la maison sans bouger, figé dans son honneur. Non, c'est lui qui le voit en premier, c'est lui qui court en premier, c'est lui qui lui ouvre ses bras, et qui le couvre de baisers.

Mais lorsque le fils déclare son indignité, Le Père alors l’arrête. Vite il faut lui apporter les plus beaux vêtements signe de sa noblesse , lui mettre la bague au doigt signe de sa royauté et les sandales aux pieds, signe de son pouvoir.

Ce qui est formidable dans cette parabole c'est de découvrir combien Dieu nous a toujours aimé même au moment de notre éloignement le plus profond.
Ce qui est formidable, c’est de découvrir combien la miséricorde précède toute prise de conscience du péché, de notre indignité. Car, c'est le Père qui nous fait découvrir la misère de notre situation, et nous donne de faire mémoire des biens qui nous attend sur la terre promise, lui qui nous donne de nous retourner vers lui et de croire en son pardon.

Le Coeur de Jésus crucifié et ouvert d’où coule l’eau et le sang, non seulement nous rappellent les conséquences de notre péché, mais aussi révèlent l'amour qui nous attend, et qui nous a toujours aimés.
Nous découvrions que nous étions perdus et donc morts. Car  c’est le retour au Père qui nous redonne la vie éternelle. Alors ils commencèrent la fête !

Et nous? Il nous arrive  de partir plus ou moins loin.
Croyons-nous  en l'amour du père    ? On nous dit depuis qu'on est enfant que Dieu nous aime , mais croyons-nous vraiment que le Père nous attend, nous désire, nous cherche, alors que même nous aurions  tout gaspillé son bien.
Acceptons-nous la Vérité de sur notre situation, acceptons-nous la Parole de Dieu, ses commandements, sans nous autojustifier, sans les falsifier ?
La Miséricorde nous libère autant de la peur du jugement, du coup qui pourrait venir du Père, autant des rancunes, de l’orgueil, du dépit qui est encore un retournement sur soi, un attachement à sa petite personne.

Le fis aîné lui est au champ. Entendant la fête, il se met en colère et il refuse d’entrer. C’est son père qui va encore  accepter de sortir et de s’humilier devant son fils aîné.
«Le Père étant sorti le suppliait» ... Ce n’est pas une simple remarque,il sort et  il le supplie ..

Alors, le fils aîné lui jette au visage toute sa rancoeur. Il lui rappelle tout ce qu’il a fait pour Lui. Son obéissance et il lui reproche sa non-reconnaissance, son ingratitude: «tu ne m’as jamais donné un chevreau !»

Et cet homme qui est parti avec l’héritage de son père, n’est plus son frère ...
En effet il dit «ton fils après avoir dépensé ton bien» ...

Alors le Père va lui faire la remarque la plus délicate et extraordinaire qui soit ... «tout ce qui est à moi est à toi». Quel amour fou ce père offre à son fils,  au moment même du péché. Quand le cœur de son fils est le plus fermé, le plus dur, il lui redit toute sa confiance, il lui rappelle l’Alliance paternelle qui est sans retour .... Amour inconditionnel.

Le fils aîné s’est perdu dans une obéissance formelle, il portait son devoir comme un fardeau, et le service qu’il rendait était un esclavage.

Lui, le fils modèle, ou vu comme tel par les hommes, ne voit pas son péché, il ne voit pas le tort qu’il fait  à son père. Il est tellement révolté qu’il ne voit son péché, l’injustice pense t il n’est pas de son côté, mais du côté de son père !

Oui, peut être est il proche de corps, peut être travail-t-il depuis sa jeunesse sur les terres du père, mais son cœur s’est éloigné de son père, tout aussi loin que celui de son frère, et peut être plus loin encore. En effet, nous voyons le cadet revenir à son Père, par amour pour lui ou du moins espérant pouvoir manger chez lui, alors que la parabole ne nous dit pas si le fils aîné rentrera à la maison.
«Les prostituées et les publicains vous précèdent dans le Royaume de Dieu» disait le Christ.

Dans nos quotidiens, dans la relation à nos proches, dans les évènements d’hier ou comme pour ceux d’aujourd’hui, nous pourrons toujours trouver des raisons de nous plaindre.
Nos parents, nos enfants, nos voisins, nos patrons, nos ouvriers, nos frères en Église, nos prêtres sont des hommes comme nous. Ordinaire, pécheurs, ayant réussi certaines choses; connaissant l’échec sur d’autres ...

Ce que nous avons besoin, c’est d’accepter de rencontrer le Père, de connaître son cœur, de découvrir sa Miséricorde. Nous avons besoin de nous laisser prendre dans les bras, de nous laisser couvrir de baisers. De retrouver notre dignité, par la bague, le manteau et les chaussures.  De voir le Père sortir vers nous, nous redire que tous les veaux gras sont à nous, qu’il suffisait de demander afin de recevoir; d’entendre le Père nous redire: «mais mon enfant, ne le sais-tu pas, l’as tu oublié, tout ce qui est à Moi est à toi» ...

Que ce temps de carême nous aide, nous qui sommes ou avons été,  sois l’un ou l’autre des fils, de retrouver un cœur d’enfant, doux, tendre, souple, sachant se réjouir du bonheur des frères et de notre Père ...

La semaine sainte arrive, tant de Grâce et de vérité. Alors ? Allons mourir à nos vieilles habitudes avec le Christ sur la croix pour renaître d’en haut, pour vivre enfin dans la résurrection du Christ. 

AMEN


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire