Deux pierres de silex l’une contre l’autre,
on fait jaillir une étincelle, un feu nouveau, une réalité nouvelle.
Ainsi la Bible manie le contraste pour la raison humaine, mais c’est pour faire jaillir une réalité nouvelle, une rencontre nouvelle, un royaume nouveau .
L’Évangile n’a pas peur de manier les contrastes.
Le Roi de l’univers, tout puissant, transcendant, qui voit tout, sait tout, agis par tout et en tous ...
Un berger, un simple et bon berger ... un roi crucifié qui n’a pas d’autre moyen de conquête que l’amour, ni pas d’autres armées que l’Église
Point de sceptre par lequel tu domines, sinon ta croix
Point d’autres forces, sinon ta miséricorde :
L’amour vainqueur, ton unique droit.
Ézéchiel
« La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai.
Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces.
Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. »
Opposition apparente
Une douceur touchante, une attention de tous les instants, un investissement total dans la recherche de la Brebis
MAIS
et un jugement sans compromission basé sur la stricte vérité, sans appel ... qui effraie certains, déplaît à d’autres, rassure les troisièmes.
Le Christ, le Roi
comme se décrit Jésus est ce Roi qui Règne au Nom du Roi des Rois, splendeur et majesté, force et noblesse, richesse et gloire à faire pâlir d’envie tous les Pharaons, beauté sans égal sur la terre ...
Et il est en même temps ce Roi
qui s’associe à tous les derniers de la terre, et même, dit-il, il est lui-même un de ces derniers dans Sa dimension la plus profonde et mystérieuse
Cet affamé à qui il faut donner à manger
Cet assoiffé à qui il faut donner à boire
Cet étranger qu’il nous faut malgré tout accueillir,
Ce malade à visiter ce prisonnier qu’il nous faut rencontrer.
Tel est notre Roi
tel le Roi de toute l’humanité, tel est l’unique Roi de toute la création.
Il est comme cela. Point. Paradoxe irréconciliable pour l’intelligence humaine, mais telle est la réalité de sa personne.
- Roi et esclave
- Guerrier imbattable et doux bergers portant les Agneaux sur son coeur ...
- le Premier et le dernier.
Le paradoxe
Dans la Bible, n’existe pas comme une absurdité ou pour humilier notre intelligence humaine, mais pour faire jaillir par la Foi une réalité nouvelle dépassant les deux autres
comme en frappant deux pierres de silex l’une contre l’autre, on fait jaillir une étincelle, un feu nouveau, une réalité nouvelle.
Mais au commencement il faut la Foi.
Dans l’Evangile, cette Parabole du jugement dernier
n’est pas là pour nous effrayer, mais pour nous rendre conscients de l’enjeu réel et total de cette vie, nous ne pouvons pas échapper à notre responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes, qui se joue à 100% dans notre responsabilité vis-à-vis des autres ...
Ceux qui le servent dans les autres iront régner avec Lui dans son Royaume.
Mais ceux qui refusent de vivre de la Bonté, de la Miséricorde, de l’ouverture à plus pauvre que Lui iront au châtiment éternel
Mais ne pourrions-nous pas simplement nous arrêter là
à « venez les bénis de mon Père », pourquoi lire ou pourquoi Jésus a-t-il été plus loin « allez-vous en maudits, dans le feu éternel préparer pour le diable et ses anges ?
Le paradis comme l’enfer appartiennent au dépôt de la Foi apostolique.
N°1035 « l’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité.
Dieu ne prédestine personne à aller en enfer (cf. DS 397 ; 1567) ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin.
Nommer la réalité, la merveille et le drame de la vie
le choix ou du refus de Dieu, est nécessaire. Le Seigneur y est comme obligé par notre attitude, par le réel de l’histoire humaine.
« Car, la mort étant venue par un homme,
c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts.
Ce n’est pas une perversité
ou une erreur dans l’enseignement du Christ ou de l’Église, mais c’est une miséricorde pour nous aider à réaliser l’enjeu de la vie terrestre.
Pourquoi ? Ainsi le Seigneur nous protège , prévient, éclaire, éduque, rassure, pousse au choix.
- il nous rappelle qu’il n’y a pas une infinie possibilité de chemins pour trouver le Bonheur, selon la fantaisie des hommes, il n’y en a même pas deux... mais une seule. Dieu seul est notre bonheur,
- même si sa patience peut être trompeuse, il y a en Dieu, aucune équivoque, il n’y a pas en lui de compromission avec l’injustice, et avec aucune forme de mal.
Origène
« Si donc nous voulons que Dieu règne sur nous, que jamais le péché ne règne dans notre corps mortel. Faisons mourir nos membres qui appartiennent à la terre, et portons les fruits de l'Esprit. Ainsi, comme dans un paradis spirituel, le Seigneur se promènera en nous, régnant seul sur nous, avec son Christ«.
Plus nous accepterons que notre coeur soit soumis au Seigneur
plus il pourra régner en nous et nous serons heureux. Je dirais, quelles que soient les circonstances. Et un jour parfaitement heureux.
- Acceptons que le Christ règne en nous ... par sa Parole, par la soif de ses sacrements, par la vie communautaire.
- Acceptons que le Seigneur accomplisse en toutes ses œuvres, telles qu’elles ont été préparées pour les siècles sans fin ...
Prenons à nouveau conscience que l’enjeu éternel de nos vies s’accomplit dans notre extrême quotidien,
« Venez les bénis de mon père, car j’étais le plus pauvre des pauvres et vous n’avez pas fui, mais au contraire vous êtes venu jusqu’à moi. »
Jusqu’à moi : ainsi le frère, et le plus rejeté des frères, est le chemin royal, l’allée royale, vers le Roi des rois, Splendeur du Père.
Si tu veux que le Règne de Dieu vienne sur la terre, commence par ton coeur, car c’est dans ton coeur qu’il veut régner, afin qu’il puisse régner dans ta communauté, ta famille, dans le monde .
Alors renouvelons notre engagement face au Roi,
renouvelons notre oraison
service des plus pauvres
et nous serons les hommes et les femmes, les frères et soeurs du Roi.
l’étincelle sortant du paradoxe de l’Evangile produira son fruit : nous deviendrons un feu ardent.
AMEN
