Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

vendredi 25 mars 2016

Vendredi Saint 2016

« Quand il a pris le vinaigre, Jésus dit : « tout est accompli »  
mais de quel accomplissement parle-t-il ? Cette année, on parle beaucoup de la miséricorde du seigneur, de Dieu, du Père.
Mais quel lien y a-t-il entre la miséricorde de Dieu et la croix de Jésus, quel lien y a-t-il entre la miséricorde de Dieu et  nos croix ?
La miséricorde ne cherche-t-elle pas à éviter la croix ? Quand on aime quelqu’un ne cherche-t-on pas à tout prix à le protéger de toute forme de souffrance ? De l'échec, de la mort elle-même si c'est possible ?
  Luc  raconte que l'un des larrons crucifiés avec Jésus lui dit  : «n'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous avec toi ! » 
Jésus lui-même en  Matthieu, ne crie-t-il pas «   mon Dieu mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?»
Et Pilate lui-même, ne veut-il pas, devant la foule, qui crie  «crucifie-le », Pilate ne veut-il pas éviter à Jésus cette mort terrible ? «   dès lors nous dit Saint-Jean, Pilate cherchait à le relâcher ».
Quel lien entre la miséricorde et la croix ?
La miséricorde est en fait le seul lien qu’il y a entre Dieu et l'homme souffrant, entre nous-mêmes, et notre frère qui souffre, pour les hommes entre eux.
Dans la situation qui est la nôtre, elle est le seul lien possible.
Car s'il n'y a pas de miséricorde, il n'y a pas d’amour, il n'y a pas de vraie compassion, il n'y a pas de vérité, et il n'y a pas de pardon.
Cette croix de Jésus, cette désolation, semble trouver son sommet dans l'abandon  de Dieu : «mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné» comme dit le psaume 22.
Il semble que Jésus  fasse à un reproche au Seigneur,  comme si Dieu   n'était pas en fin compte aussi « miséricorde » que ce qu'on le dit !
Et pourtant nous sommes au sommet de cette Miséricorde !!  car c’est ici dans un certain sens, où Dieu devient moi et moi je deviens comme Dieu. Il y a comme un échange, sur la croix : Jésus prend ma mort, et il me donne sa vie.
C'est ce que disait Isaïe du serviteur souffrant :  « en fait c'était nos souffrances qu'il portait nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu'il était frappé meurtri par Dieu humilié » et je dirais abandonner.
Mais le serviteur,  qui ne porte pas de nom en tant que tel, certes c'est le Christ, mais c'est aussi chaque chrétien qui vit ses souffrances dans la foi, c'est l'Église qui aujourd'hui continue par ces épreuves  l’œuvre du Christ rédempteur  de l'homme et de toute l'histoire humaine.  Le Serviteur, c'est l’Église.
La communion et l’unité avec Dieu étaient devenues impossibles sur les sommets de la vie, de la sainteté sur la montagne du Seigneur mais cette communion redevient possible au cœur de l’abîme, au cœur de la détresse humaine.
La communion  n’était plus possible  par la vie, elle le redevient dans la mort.
Ainsi va l’amour, qui me ressuscite sur la croix. Qui  nous donne d'entendre cette présence innocente  de Dieu au cœur même de la nuit.
Le Christ ne porte pas d’abord sa croix, ses souffrances, mais la mienne, les nôtres.
Il l'a fait pour prier, là où il y avait plus de prière ; pour implorer, là où il y avait plus de pleurs, pour aimer, là où  régnait la mort. Pour mériter, ce que nous pouvions plus mériter, car nous ne lui demandions plus rien, car nous ne  regrettions plus nos péchés, car nous ne croyions plus dans le pardon de Dieu.
Oui la miséricorde est le seul lien capable de nous  sauver. Et mystérieusement , miraculeusement,  au pied de la croix, renaît la foi.  À l'image de Jean qui nous dit : « celui qui a vu rend témoignage. Et celui-là sait qu'il dit vrai afin que vous aussi vous croyiez. »
Un peu comme si le seigneur était venu couler avec les gens du Titanic, pour aller au milieu de la nuit, de l'eau glaciale, prendre  la main de ceux qui mourraient pour les ramener sur la  barque,  et ainsi les réchauffer. Comme si le seigneur était rentré dans une raison qui brûlait avec nous pour aider l'homme accepté de mourir avec lui afin que trois jours après il puisse ressusciter. 
C'est ce que dit le répond  de  l'office de lecture de ce jour : « Ces hommes méprisés,  ces femmes humiliées, ces enfants que tout rejette, ces meurtris, ces torturés, tous ces visages bafoués : Seigneur Jésus, c'est toi qui me regardes. »
C’est notre dernier espoir, avant de sombrer avec lui dans la mort et que son silence règne. Car si Jésus est mort tout homme est mort en lui.
C'est l'attente du  Samedi saint : la mort a-t-elle vaincu ?
La miséricorde n'est-elle qu’une vaine promesse ? Une histoire pour les femmes et pour les enfants ? La foi était pure illusion ?
Il nous faut attendre trois jours, patienter trois jours, espérer encore simplement trois jours.
Du cœur du Christ sur la croix, son sang  a coulé, Jean témoigna. Et ce sang a coulé dans sa tombe, dans nos tombes.   il ne reste plus que ce sang qui coule sur le monde, Il est  notre seule Espérance …
Puis le troisième jour, le matin, une femme s’approcha du Tombeau.
Le tombeau  est vide.
Un homme l’interpelle : Marie ! Un homme t’interpelle, il t'appelle !
« Seigneur tu es vivant ! Mais alors moi aussi je peux vivre ? »
« Quand je criais, c’était toi donc toi qui criais en moi ! »
et maintenant que tu es vivant, je pourrais vivre dans l’éclat de la lumière du Seigneur, dans  la Gloire de son  Amour sans fin. 

  • Je te demande plus qu’une seule chose : Toi qui as appris par « tes souffrances l’obéissance » (Hb 5,8), apprends-moi simplement à obéir à l’Amour de Dieu qui veut tout pour tout homme.
  • Amen 

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