Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

samedi 26 octobre 2013

30° dimanche C

Références bibliques :

Lecture du Livre de Ben Sirac le Sage. 35. 12 à 18 : Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes."
Psaume 33 : "Le Seigneur entend ceux qui l'appellent."
Lecture de la seconde lettre à Timothée : 4. 6 à 18 : "Il m'a rempli de force pour que je puisse jusqu'au bout annoncer l'Evangile."
Evangile selon saint Luc : 18. 9 à 14 : Mon Dieu, prend pitié du pécheur que je suis."


J’aime bien cette parabole,  car elle est à la fois d’une grande exigence, et d’un grand réconfort
Dans un premier temps, cette parabole peut choquer. En effet, voilà un pharisien qui prie le Seigneur. Et il remercie de n’être pas voleur, injuste, adultère, ou prenant l’argent des autres.  Les pharisiens avaient bonne réputation.
 Et voilà le publicain, à la mauvaise réputation, au service de l’envahisseur, il vient pour prier.
 Et c’est celui à la bonne réputation dans les villages d’Israël, qui sera considéré comme pécheur et c’est celui qui  a exploité la veuve et l’orphelin, qui sera rendu  juste ? Scandale !

 Mais il faut bien écouter et bien regarder ce que ces hommes font.
 Le pharisien rend grâce au Seigneur certes, mais non pas pour Dieu, pour sa bonté, pour sa miséricorde.
Mais, en fait, il rendra grâce pour lui personnellement. Il est très  fier de lui. Il se contemple lui-même. Il est très heureux de ce qu’il est et fait.
Jésus dirait : « il a reçu sa propre récompense  », ce qu’il est devenu.

  Le publicain, lui, se tient à distance,  à l’entrée du Temple.  Il n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. Mais humblement il dit : « mon Dieu prend pitié du pécheur que je suis ! »
 C’est un pauvre, qui prend conscience de ce qu’il est, de la vérité de sa situation face à Dieu. Il ne se justifie pas, et n’en rajoute pas, et ne se juge pas, et ne transforme pas les commandements de Dieu à sa faveur.
 Mais ce  publicain ne désespère pas. Malgré son péché,  son très grave péché, il vient voir le Seigneur comme son père David, et confesse son péché.
  Il est un pauvre abandonné à Dieu n’espérant que sa miséricorde, il attend avec confiance sa réponse.

 En fait l’un n’attend plus rien de Dieu, quand l’autre attend tout de Dieu. Ainsi comme le dit le seigneur Jésus, «qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé».

 Cette parabole et réconfortante, car comme le dit le livre de Ben Shirac le sage, le Seigneur ne défavorisent pas le pauvre. La prière du pauvre traverse les nuées.
Or quel est  le pauvre ?
  C’est celui qui n’a pas d’argent, certes, mais n’est-ce pas aussi celui qui est un pécheur.  Celui qui n’a rien de très reluisant dans sa vie.
 

Mais il sait qu’il ne peut pas s’appuyer sur lui-même. Il sait qu’il ne peut pas faire la collection  devant le Seigneur de tous ses actes de justice.  Il n’a pas l’impertinence de se présenter comme le pharisien, comme un homme juste et  saint, en fin de compte comme l’égal même de Dieu.
Comme si  Dieu était devenu son débiteur.  Et qu’il lui devait le Ciel.

 Savez-vous que Satan prêche la vertu ?
 Il prêche le mal certes, mais aussi  il prêche la soumission machinale aux commandements  de Dieu, il prêche le devoir, il prêche le dogme, mais pour faire de nous des automates du devoir, et non pas des amoureux brûlants de Jésus.
Dans les 3 tentations du Christ,  Satan se sert  même de la parole de Dieu pour nous tenter!! Il est le séducteur,  il est Don Juan. Et il propose toujours le mal, mais sous les parures du bien.
Il prêche avec les athées un monde débarrassé de ce qu’il appelle «ses illusions», c’est-à-dire de toute croyance en Dieu, ou dans le Christ.
 Il prêche  une amélioration matérialiste, qu’il  appelle  «vrai réalisme». C’est un messianisme terrestre. La paix qui vient du monde hait les béatitudes, qui promet à la douceur, à la patience au pardon, la vie éternelle, la Terre promise.
Il prêche la vertu, car il prêche l’amour-propre. C’est-à-dire un amour qui s’autocontemple,  qui est autocentré, et qui se satisfait de ces petites victoires personnelles. Cet amour c’est l’Éros sans l’adapê, la charité. Ces personnes se regardent dans  leur miroir au lieu d’être tout tournées vers  Dieu et le prochain  par l’amour seul. Elles ont remplacé la volonté divine par sa propre volonté.
 On se souvient de la critique d’un évêque de Paris aux religieuses de Port-Royal : «elles sont pures comme les anges, mais elles sont orgueilleuses comme des démons».
En fait l’immoralité, ou la moralité sans Dieu, sont les 2 faces d’une même pièce. C’est l’homme qui cherche à se sauver par lui-même soit dans des plaisirs charnels, soit dans des plaisirs plus spirituels, mais c’est toujours la même chose,  être sauvé, uniquement par soi-même.
Charles Baudelaire écrivit « nous périrons où nous avons cru vivre ».

 Seule la grâce peut  nous donner  la sainteté, peut faire de nous des hommes justes, aux yeux du Très-Haut. Alors  nous nous appuierons plus sur nous-mêmes.
La Grâce peut faire grandir la véritable vertu
 non pas comme le fruit de nos efforts seuls,  mais comme le fruit de la charité, de l’amour véritable, don gratuit de Dieu.
 En tous les cas, ne soyons pas dupes avec nous-mêmes : dès qu’on se met à s’élever soi-même,  dès qu’on met en valeur une de ses qualités, une de ses réussites, une de ses victoires, il y a fort à parier que nous sommes en train de faire le jeu de Satan.
C’est pour cela qu’il nous faut aimer le silence. Car à trop parler on risque de s’abandonner à nos tendances naturelles.
Et  à chaque fois que l’on s’abaisse devant le Seigneur, et devant les autres, à chaque fois qu’on accepte d’être le serviteur, et non pas maître, alors oui il y a des chances que nous soyons sur le chemin  du Christ.

 Demandons  la grâce de l’humilité, demandons à être soumis à l’Esprit-Saint, afin qu’Il puisse rayonner dans tous nos membres, dans tout notre cœur, pour la gloire de Dieu, et le salut du monde.

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