Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

vendredi 18 janvier 2013

2° dimanche TO C




Ce mariage, quel mariage particulier !

La mère de Jésus est citée en premier «elle est là»; mais Jésus est simplement invité, avec ses disciples
On manque de vin
Marie prend la parole, et c’est elle qui demande à Jésus d’agir
Jésus lui fait la remarque : ce n’est pas son heure, il semble même lui dire «femme que me veux-tu , retourne à tes fourneaux»
Et elle continue, « faites tout ce qu’il vous dira», sans s’occuper de ces remarques
Le Christ n’utilise pas les amphores prévues pour contenir le vin des noces. Mais les jarres mises à la disposition des convives pour qu’ils puissent se purifier.
Il y avait six cuves de cent litres, 600 litres de vin pour terminer la fête! Même si les mariages duraient quelques jours, il faudra un certain nombre de «capitaines de soirées» pour ramener tout le monde à la maison
Il y a un miracle : l’intervention directe de Dieu !
Il y a un maître du repas, il a un marié, mais où est la mariée, jamais elle n’est nommée !
Le marié est félicité pour le bon vin, mais ce n’est pas lui qui a transformé l’eau en vin
Jésus manifeste sa gloire, en multipliant les litres de vin, même si le vin est bon cela paraît pas très moral .... Dans notre société, ce Jésus serait-il subversif ...
Mais ils crurent en Lui. Cependant, Jésus arrive à son But, ils lui font confiance, l’Église peut naître ...

Entrons plus profondément dans le Mystère.

Le codex d’Ebert, est un évangéliaire enluminé réalisé pour l'évêque de Trèves Egbert (980-993). (voir ci-dessus)
Marie est au centre et c’est elle qui ouvre le ministère de son Fils: elle donne son Fils aux hommes et les hommes à son Fils.
Mais les hommes n’ont que de l’eau à se partager alors que le vin est présent entre Marie et Jésus.
Pourquoi est-elle au centre?
 c’est elle qui dit oui le jour de l’Annonciation,
c’est elle qui donnera la Parole faite chair au monde, c’est elle enfin qui ouvre le «bal», le ministère de son Fils le jour du mariage de Cana.
Elle n’est pas là pour prendre sa place, mais pour révéler celui qui vient, elle est collaboratrice de son agir.
En fait, elle est là pour mettre en valeur le Seigneur et elle révèle son «influence discrète et maternelle» qui apparaît à la fin déterminante comme le dit JP II
Nous contemplons le cœur miséricordieux de la femme, de la mère qui remarque ce qui va manquer pour la joie et la fête .
En fait, elle révèle que le Christ, Fils de Dieu, qui commence son ministère par un miracle spectaculaire, accepte d’être subordonné au cœur d’une femme, une créature.
Ce n’est pas un manque d’amour ou de gratuité de la part de Dieu. Jésus pouvait agir sans l’invitation de sa mère. Cette façon de faire révèle plutôt une surabondance de son Amour, qui accepte de passer par elle, une créature, comme pour l’honorer.
Geste extrêmement délicat du Seigneur qui désire accomplir ses œuvres en ce monde par nous.

Ainsi on peut mieux comprendre l’expression « Femme, que me veux-tu ? «quoi entre moi et toi ?» (traduction du grec)
Cette expression n’est pas déshonorante pour Marie : comme s’il lui disait «Femme que me veux-tu, retourne à ta place, au milieu de tes casseroles!»
Mais mystérieusement c’est tout le contraire : «Femme» , toi «la Femme», tu vas devenir, par le désir du Père, la collaboratrice, l’aide du Messie.
Elle participera directement et très étroitement à sa mission.

Remarquons que l'évangéliste ne nomme pas Marie en tant que tel : elle est appelée «la mère de Jésus» ou «femme»
Ainsi St Jean veut nous faire comprendre que Marie va être élevée à une dimension symbolique.
En effet, «la femme» est dans l’AT , le symbole du peuple de Dieu et dans le Nouveau, celui de l’Église. 
Osée 1 le Seigneur parlant d’Israël : «Intentez procès à votre mère, intentez-lui procès!  Car elle n'est pas ma femme, et moi je ne suis pas son mari.»
Isaïe «Car ton créateur est ton époux  : Il se nomme Dieu de toute la terre ; car l'Éternel te rappelle comme une femme délaissée.»
Encore Isaïe «mais on te nommera : « Ma préférée », on nommera ta contrée : « Mon épouse », car le Seigneur met en toi sa préférence". (première lecture)
On peut trouver encore des références dans Jr et Ez.

Ainsi si Jésus appelle Marie,  "femme" ce n’est pas pour nier le lien humain, mais pour nous faire comprendre que c’est toute l’Église, qui devient l’Épouse du Christ et par Lui, l’Épouse de Dieu lui-même.
Ainsi nous comprenons pourquoi il n’y avait pas de fiancée, la fiancée était symbolisée par Marie: l’Église est la seule épouse dans ce récit des noces de Cana.
On comprend aussi pourquoi le marié est félicité pour le bon vin alors que ce n’est pas lui qui a transformé l’eau en vin : Le fiancé véritable, c’est le Christ.

On peut saisir également pourquoi à la fin de l’Évangile St Jean nous dit : «il manifesta sa gloire». Certes, il changea de l’eau en vin, ce qui est déjà pas mal
Mais il faut aller plus loin grâce de la Foi :
cette gloire manifestée ce n’est pas une petite gloire d’un bon sommelier au cours d'un mariage, c’est La Gloire de Dieu! Jésus, par ce miracle, révèle qu’il est l’Époux du peuple de Dieu.
- Or dans la Bible, seul le Seigneur, seul Dieu est l’Époux. Ainsi, le Christ est le Seigneur manifesté à son peuple comme son Époux; il est Dieu lui-même.
C’est pour cela que les litres de vin offerts sont disproportionnés : c’est la bénédiction de Dieu qui donne «infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir» Eph 3

Et pour nous ?
Comme le particulier et dans le tout, si Dieu, si le Christ est l’époux de l’Église, il l’est aussi de chacun d’entre nous.
Bien sûr cela est vrai pour tous chrétiens, même si une religieuse comme sainte Thérèse le vivra plus intensément.
Mais même dans le mariage, les chrétiens sont appelés à vivre avec le Christ et du Christ.  Ainsi, grâce à la prière de Marie, Il pourra transformer l’eau de nos pauvres cœurs en vin nouveau. Saint Paul écrira: «ce mystère est de grande portée; je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Église.»Eph 5

Cela me fait penser à un mari qui me disait un jour d'été «le premier époux de ma femme c’est le Christ  ...»
Et elle de répondre du tac au tac : «Si je suis encore avec toi, c’est bien grâce à Lui» ! ...!

les époux pourront se confier sans peur à Marie, car c’est toujours à la prière de Marie que le Christ donne la Grâce de Dieu.

Il s’agit de boire à la source, le vin de la joie, le pain de la patience, le feu de l’amour afin de pouvoir l’offrir à ses frères ou soeur dans la vie commune , dans le mariage, mais aussi en communauté chrétienne et dans toute la société !
Ainsi nous voyons que c’est par toute l’Église que le Seigneur veut agir. Dans un certain sens, sans nous, sans notre prière, sans notre témoignage il ne peut rien, non parce qu’il ne le peut pas absolument, mais parce qu’il ne le veut pas, par amour.


Conclusion,

Cette semaine, nous prions pour l’unité des chrétiens. Cette unité est nécessaire même si elle nous paraît bien difficile à accomplir.
- nous avons  besoin du vin nouveau des noces nouvelles qui s’appelle l’ESPRIT SAINT, afin de convertir nos pauvres cœurs.

Pour favoriser cette prière, le thème mondial de cette année nous invite à travailler pour plus de justice et de vérité dans les relations.
Michée nous dit en effet « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi :  rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu»

Il nous est demandé de réfléchir ce qui se passe en Inde avec la situation des «intouchables».
À nous de voir qui sont aujourd’hui nos «intouchables», nos «moins que rien», ceux que l’on ne considère pas, que l’on ne regarde pas, que l’on n’invite pas chez soi.

Ce vin nouveau est certes celui des noces, mais les noces sont les symboles d’une humanité pleinement réconciliée et unie par le lien de la charité et de la paix.
Il faudra du vin et également du pain pour trouver les énergies nécessaires afin de sortir de soi pour combattre contre les injustices dans ce monde.
Les chrétiens de toute confession sont ainsi invités à unir leur force pour un monde plus juste;  eux, qui savent d’où vient le vin
«mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l'eau.» AMEN

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