Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

lundi 27 avril 2020

3e dimanche de Pâques


Nous voici de nouveau avec les disciples d’Emmaüs 
Encore ? 
Qui nous ouvrira encore cette Parole pour qu’elle nous parle ?

Ap 5 « Je pleurais beaucoup, parce que personne n’avait été trouvé digne d’ouvrir le Livre et de regarder. Mais l’un des Anciens me dit : « Ne pleure pas. Voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le Livre aux sept sceaux. »

Or nous avons dans ce texte, dans cette première messe célébrée par Jésus après sa mort et résurrection, tout le mystère de l’Eucharistie ! 

On nous dit qu’ils sont deux : c’est-à-dire que l’on découvre le Christ ensemble, nous avons besoin du témoignage des uns et des autres. 
Je peux très bien me dire que je suis un des deux, puisqu’ils ne sont pas nommés, « deux disciples faisaient route »... 

Ce qui est frappant autant dans la première lecture que dans l’Évangile, on ne parle que de Jésus. De l’humanité de Jésus, comme si cette histoire concernait bien l’histoire de l’humanité, notre histoire de tous les jours mon histoire ... 

Car tous, comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes confrontés un jour ou l’autre à l’histoire de Jésus, et à sa mort sur La Croix .... tous nous sommes confrontés, à la déception, à notre marasme .. Nous qui avions cru en lui où en sommes-nous aujourd’hui ? « Ils lui répondirent :

« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ».

Comment Jésus va-t-il s’y prendre pour nous sauver ?  Comme quand on remet la chaîne sur le pignon de la roue du vélo : il va falloir s’arrêter. Car si tu mets ta chaîne alors que la roue tourne encore tu ne peux le faire. 
C’est ce que va faire Jésus il va se mettre à notre hauteur, c’est-à-dire à la hauteur de la  terre. 

Il nous rencontre comme un homme. 
Mais dans cette histoire, la terre marqué par le péché, par le découragement, l’abattement (et qui n’a pas connu cela dans sa vie, même après 70 ans de vie chrétienne ?) 
Donc la terre marquée par le péché, va rencontre la terre, mais une terre qui a été défiée,  qui a pleurée, qui a été crucifiée, est morte puis a été ressuscité et enflammée.

Ils ne peuvent le reconnaître, car le coeur est fermé à une telle nouveauté dans l’histoire humaine, et le visage du ressuscité a reçu une vie nouvelle ! 

Le point de rencontre entre le Christ et nous se passe au-delà de tous ces événements. 
Pour Lui, comme pour nous. 

Cette rencontre, intime, cordiale merveilleuse ne se fait pas dans la puissance, la réussite, la victoire, dans le feu de l’Évangélisation, oui bien sûr mais pas d'abord. 

Non elle est dans la pauvreté, la misère de l’homme qui rencontre la misère de Dieu. Entre deux libertés celle de l’homme et celle de Dieu. 

Elle commence par l’écoute
l’écoute de Jésus « de quoi parliez-vous tout en marchant » 
et l’écoute des disciples : « partant de Moïse et de tous les Prophètes,
il leur interpréta ce qui le concernait ».

La lumière qui va aboutir à la rencontre de Jésus ressuscité passe par la Parole, par comprendre que toute  l’Écriture nous parle que d’un seul homme : Jésus de Nazareth. 

Puis par l’invitation lancée à cet homme de rester avec nous ... « « Reste avec nous,
car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. » 

Ainsi cet homme entre dans notre auberge, dans notre histoire, si humaine, et si pauvre. Lui le Maître de la maison qui accepte de devenir cet étranger qui passe et que l’on doit inviter.  Mais nous ?
Nous n’avons nous pas pressenti quelque chose, notre âme presque inconsciemment n’a t elle pas commencé à renaître ? « Reste avec nous ». 

Et alors c’est le miracle, la merveille inattendue : ils le reconnaissent. 
Cet homme si simple, cet étranger c’était Jésus, le Christ et Seigneur !
 « Quand il fut à table avec eux,  ayant pris le pain, il prononça la bénédiction
et, l’ayant rompu, il le leur donna.
    Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent». 

Prenons conscience d’une chose : c’est lorsque le pain et rompu, pas avant, et pas après qu’ils le reconnaissent , qu’ils le voient. 
«    À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ».

Luc ici, utilise le même vocabulaire que la Cène, pour nous faire entrer dans le Mystère de l’Eucharistie, que lui-même devait célébrer. 
Il désire faire comprendre aux premiers chrétiens que c’est à la fraction du pain que le Ressuscité leur ouvre leurs yeux, leur coeur, et provoque la rencontre avec le Ressuscité. (D’ailleurs nous savons que c’est le nom premier de l’Eucharistie). 

En effet, à quel moment nous pouvons le reconnaître, et faire l’expérience nous-mêmes de la résurrection  ? 
Quand il vient à nous sur la route? non, quand il nous écoute ?  non, quand il nous ouvre les Écritures, non ! Alors quand ? 

Quand le cycliste arrête de pédaler, pour que la chaîne ralentisse et vienne se mettre à l’unisson du pignon, de la roue, qui livrée à elle-même s’est arrêtée. Quand Dieu se donne de se reconnaître comme homme. 

Quand Jésus se donne par sa présence, par son humanité, quand il se révèle en s’abaissant de plus en plus, jusqu’à qu’il ne fasse plus qu’un avec nous. Et qu’il devienne comme nous, pain rompu sur la table ... Alors, pourquoi ne pas s’ouvrir à lui, puisqu’il n’y plus aucun obstacle, plus de crainte, plus de distance, plus de doute,  plus d’abîme entre Lui et nous ! 

Parce que le Christ est descendu au lieu même où j’étais triste, abattu, désespérer, mort ! 
Parce qu’en rompant le pain, c’est Lui et moi que je reconnais en un seul pain rompu ! 

« Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

Jésus vient nous chercher au point de rencontre où la terre rencontre la terre, où le pauvre humain rencontre le pauvre divin. 

Alors nos yeux s’ouvrent : c’est Lui, mais oui  ! c’est Lui que je rencontre dans chaque Eucharistie, c’est Lui qui vient encore rompre le pain pour les deux disciples, pour toi et moi, pour chacun, pour nous. 

Puis il disparut à leur regard , mais l’empreinte de la présence demeurera. 
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route
et nous ouvrait les Écritures ? »

Alors l’Église renaît ! Le fruit de la rencontre c’est l’Église, où plutôt c’est la renaissance de l’Église. 
L’Église, disloquée, éparpillée, cassée, vaincue et morte par notre péché, nos ruptures, nos manques de Charité, renaît de la Résurrection du Christ ! 

« À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons ». 

Et comment renaît-elle ?   : « par le Témoignage » 
L’Église et naît par un seul moyen : le Témoignage ! 

Le Témoignage de Jésus envers le Père 
Le Témoignage des disciples entre eux, en particulier ceux des Apôtres et de Pierre. 
Mon Témoignage personnel 

Alors se regonflent les voiles par le vent de l’Esprit, s’enflamme le bois mort, alors le cycliste peut repartir le coeur léger sur les routes du printemps ! 

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