1ère lecture : Le Messie qui vient est un roi humble (Za 9, 9-10)
2ème lecture : L'Esprit du Christ est en nous, et il nous ressuscitera (Rm 8, 9.11-13)
Evangile : « Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)
2014–
14 Dim A
Le joug à porter avec Jésus
En entendant l’évangile,
nous avons l’impression de recevoir une parole qui ne nous est pas
destinée ! Jésus s’adresse directement à son Père et ses paroles résonnent
comme une confidence très intime. En fait, cette confidence nous touche, elle
revêt même une importance particulière pour nous.
Il y a une
double leçon dans ce passage. D’abord une insistance sur la petitesse,
l’humilité, la pauvreté du cœur, comme dans les Béatitudes, au début du Sermon
sur la montagne. Ensuite, il y a un appel à suivre le Christ en acceptant de
porter les épreuves de la vie comme un fardeau qui se révèle léger quand c’est
le sien qu’il nous fait partager.
En somme,
cette double leçon n’en fait qu’une : nous unir totalement au Christ.
Qui sont les petits ?
Toutes ces
paroles vont à l’encontre de ce que le monde nous propose ! Jésus, si l’on
peut dire, ne nous caresse pas dans le sens du poil ! Il semble prendre
goût à surprendre et même à heurter. Comme dans le sermon sur la montagne, il
se réjouit de ce que sa révélation ne s’adresse ni aux savants ni aux anges ou
à ceux qui ont de l’importance, aux yeux des hommes, mais aux humbles et aux
petits.
Il prend la
peine de préciser qui sont « les
tout-petits ». Il s’agit plus qu’une nuance. La première lecture tirée
du prophète Zacharie va dans le même sens. Le roi victorieux des ennemis n’arrive pas sur un char royal,
mais « humble et monté sur un âne,
un âne tout jeune ».
Dans le monde
d’aujourd’hui, il faut être savant pour avoir la meilleure situation possible
et gagner beaucoup d’argent. Il faut avoir beaucoup d’expérience, être
compétent pour donner un avis autorisé. Au contraire, être petit, même
tout-petit et le rester, ne fait envie à personne ! Le petit est faible,
il se fait écraser, il n’est jamais reconnu, encore moins célébré ! Dans
la bouche de Jésus qui est le tout-petit ?
Jésus est le vrai petit
Dans
l’évangile de saint Matthieu, les petits sont surtout les disciples qu’il faut
visiter et secourir. Rappelez-vous la célèbre parabole du Jugement
dernier : « Tout ce que
vous avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous
l’avez fait ». Cette parole est très précise. Le petit par excellence, c’est Jésus lui-même. Il a
toujours refusé les places d’honneur, il s’est contenté d’entrer à Jérusalem,
assis sur un petit ânon. Il a toujours pris la place du serviteur, de
l’esclave, pour laver les pieds de ses disciples. Il s’est laissé accuser
faussement, lors de son procès et il est mort comme un malfaiteur, Il n’a pas
pu être plus petit ! Il peut bien rendre grâce à son Père parce que son
message est révélé aux « tout-petits » ses disciples, les bien-aimés
du Père.
François de Sales, dans cet esprit
écrivait à l’une des premières Visitandines : « Il faut avoir
patience avec soi-même. Il faut flatter son cœur, le servir, l’encourager. Il
faut le prendre comme un cheval de bride et le mettre fermement en soi-même,
sans le laisser courir après ses sentiments et ses passions. Allez toujours de
l’humilité à la douceur et de la douceur à l’humilité ». (XXVI, 296)
Un échange de fardeau
Après ces
réflexions, la fin du message, la deuxième partie de l’évangile, prend toute
sa valeur. Jésus parle d’un double
fardeau : d’une part, un fardeau trop lourd à porter, dont il faut se
décharger, et d’autre part, un fardeau qui vient de lui et qui est léger et
moins difficile à supporter.
Nous sommes
tous chargés de fardeaux insupportables, qui pèsent sur nos épaules et risquent de nous écraser, si nous les
portons seuls. Il suffit d’être attentifs à ce que nous vivons, nos faiblesses,
nos épreuves personnelles ou familiales, nos infidélités, nos découragements …
et aussi, ce dont nous ne sommes pas responsables, la maladie, les accidents,
le chômage, les angoisses de toutes sortes….
Jésus nous
propose une sorte d’échange. Remettons-lui notre fardeau et prenons celui qu’il
nous propose. Nous pourrons expérimenter les paroles du psaumes que les
Visitandines viennent de chanter : « Le
Seigneur est tendresse et pitié… La bonté du Seigneur est pour nous, sa
tendresse pour toutes ses œuvres ».
Les épreuves,
les fardeaux nous collent tellement à la peau que nous avons de la peine à nous
en défaire. Nous avons peur aussi de cet autre fardeau qui nous unit au Christ,
à sa Passion et à sa Croix ! Et
pourtant, Jésus nous nous dit que ce
fardeau est comme un joug léger à porter. Un joug léger, ces deux mots ne vont
pas ensemble ! Est-ce bien sûr ?
En étant lié au Christ, le joug devient
léger
Pour bien
comprendre l’image du joug, il faut nous reporter à l’époque où les travaux des
champs se faisaient en attelant des bœufs deux à deux. On les liait l’un à
l’autre en leur posant sur le cou une lourde barre de bois qui limitaient leurs
mouvements, mais surtout, les obligeaient à marcher bien ensemble, au même pas.
Le joug était une contrainte forcément lourde, désagréable et entravant la
liberté d’aller seul, à sa guise. L’image est très suggestive. Le joug ne se
porte pas seul ! Les bœufs le portent à deux.
Quand Jésus
nous dit : « Prenez mon
joug et devenez mes disciples », il nous invite à nous attacher à lui,
sous le même joug. Il s’agit d’une véritable alliance dans l’effort, pour
marcher au même pas, avec lui.
C’est
pratiquement ce qu’écrivait saint Paul aux Romains, nous l’avons entendu à la
fin de la deuxième lecture : « L’Esprit
de Dieu habite en vous. Si, par cet Esprit, vous tuez les désordre de l’homme
pécheur, vous vivrez ».
Ce qui faisait
dire au pape François, dans son tweet de jeudi dernier : « Ne
renoncez pas à réver d’un monde plus juste »
Conclusion
Quel réconfort
pour nous tous, si souvent écrasés par
de nombreuses épreuves ! Attachés au Christ, nous serons plus forts sur le
chemin qui nous conduit au Père. « Personne
ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler »,
nous a dit Jésus. C’est en étant solidement fixés au même joug avec lui qu’il
nous fera mieux découvrir les secrets
que confie le Père des cieux, dans son immense bonté, à ceux qui se font
« tout-petits ».
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