Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

vendredi 27 juin 2014

14e dimanche du temps ordinaire

une belle homélie (pas de moi)

1ère lecture : Le Messie qui vient est un roi humble (Za 9, 9-10)
2ème lecture : L'Esprit du Christ est en nous, et il nous ressuscitera (Rm 8, 9.11-13)
Evangile : « Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)

2014– 14 Dim A

Le joug à porter avec Jésus

En entendant l’évangile, nous avons l’impression de recevoir une parole qui ne nous est pas destinée ! Jésus s’adresse directement à son Père et ses paroles résonnent comme une confidence très intime. En fait, cette confidence nous touche, elle revêt même une importance particulière pour nous.
Il y a une double leçon dans ce passage. D’abord une insistance sur la petitesse, l’humilité, la pauvreté du cœur, comme dans les Béatitudes, au début du Sermon sur la montagne. Ensuite, il y a un appel à suivre le Christ en acceptant de porter les épreuves de la vie comme un fardeau qui se révèle léger quand c’est le sien qu’il nous fait partager.
En somme, cette double leçon n’en fait qu’une : nous unir totalement au Christ.

Qui sont les petits ?

Toutes ces paroles vont à l’encontre de ce que le monde nous propose ! Jésus, si l’on peut dire, ne nous caresse pas dans le sens du poil ! Il semble prendre goût à surprendre et même à heurter. Comme dans le sermon sur la montagne, il se réjouit de ce que sa révélation ne s’adresse ni aux savants ni aux anges ou à ceux qui ont de l’importance, aux yeux des hommes, mais aux humbles et aux petits.
Il prend la peine de préciser qui sont « les tout-petits ». Il s’agit plus qu’une nuance. La première lecture tirée du prophète Zacharie va dans le même sens. Le roi victorieux  des ennemis n’arrive pas sur un char royal, mais « humble et monté sur un âne, un âne tout jeune ».
Dans le monde d’aujourd’hui, il faut être savant pour avoir la meilleure situation possible et gagner beaucoup d’argent. Il faut avoir beaucoup d’expérience, être compétent pour donner un avis autorisé. Au contraire, être petit, même tout-petit et le rester, ne fait envie à personne ! Le petit est faible, il se fait écraser, il n’est jamais reconnu, encore moins célébré ! Dans la bouche de Jésus qui est le tout-petit ?

Jésus est le vrai petit

Dans l’évangile de saint Matthieu, les petits sont surtout les disciples qu’il faut visiter et secourir. Rappelez-vous la célèbre parabole du Jugement dernier : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Cette parole est très précise. Le petit par excellence, c’est Jésus lui-même. Il a toujours refusé les places d’honneur, il s’est contenté d’entrer à Jérusalem, assis sur un petit ânon. Il a toujours pris la place du serviteur, de l’esclave, pour laver les pieds de ses disciples. Il s’est laissé accuser faussement, lors de son procès et il est mort comme un malfaiteur, Il n’a pas pu être plus petit ! Il peut bien rendre grâce à son Père parce que son message est révélé aux « tout-petits » ses disciples, les bien-aimés du Père.
François de Sales, dans cet esprit écrivait à l’une des premières Visitandines : « Il faut avoir patience avec soi-même. Il faut flatter son cœur, le servir, l’encourager. Il faut le prendre comme un cheval de bride et le mettre fermement en soi-même, sans le laisser courir après ses sentiments et ses passions. Allez toujours de l’humilité à la douceur et de la douceur à l’humilité ». (XXVI, 296)



Un échange de fardeau

Après ces réflexions, la fin du message, la deuxième partie de l’évangile, prend toute sa  valeur. Jésus parle d’un double fardeau : d’une part, un fardeau trop lourd à porter, dont il faut se décharger, et d’autre part, un fardeau qui vient de lui et qui est léger et moins difficile à supporter.
Nous sommes tous chargés de fardeaux insupportables, qui pèsent sur nos épaules  et risquent de nous écraser, si nous les portons seuls. Il suffit d’être attentifs à ce que nous vivons, nos faiblesses, nos épreuves personnelles ou familiales, nos infidélités, nos découragements … et aussi, ce dont nous ne sommes pas responsables, la maladie, les accidents, le chômage, les angoisses de toutes sortes….
Jésus nous propose une sorte d’échange. Remettons-lui notre fardeau et prenons celui qu’il nous propose. Nous pourrons expérimenter les paroles du psaumes que les Visitandines viennent de chanter : « Le Seigneur est tendresse et pitié… La bonté du Seigneur est pour nous, sa tendresse pour toutes ses œuvres ».
Les épreuves, les fardeaux nous collent tellement à la peau que nous avons de la peine à nous en défaire. Nous avons peur aussi de cet autre fardeau qui nous unit au Christ, à sa Passion  et à sa Croix ! Et pourtant, Jésus nous nous dit  que ce fardeau est comme un joug léger à porter. Un joug léger, ces deux mots ne vont pas ensemble ! Est-ce bien sûr ?

En étant lié au Christ, le joug devient léger

Pour bien comprendre l’image du joug, il faut nous reporter à l’époque où les travaux des champs se faisaient en attelant des bœufs deux à deux. On les liait l’un à l’autre en leur posant sur le cou une lourde barre de bois qui limitaient leurs mouvements, mais surtout, les obligeaient à marcher bien ensemble, au même pas. Le joug était une contrainte forcément lourde, désagréable et entravant la liberté d’aller seul, à sa guise. L’image est très suggestive. Le joug ne se porte pas seul ! Les bœufs le portent à deux.
Quand Jésus nous dit : « Prenez mon joug et devenez mes disciples », il nous invite à nous attacher à lui, sous le même joug. Il s’agit d’une véritable alliance dans l’effort, pour marcher au même pas, avec lui.
C’est pratiquement ce qu’écrivait saint Paul aux Romains, nous l’avons entendu à la fin de la deuxième lecture : « L’Esprit de Dieu habite en vous. Si, par cet Esprit, vous tuez les désordre de l’homme pécheur, vous vivrez ».
Ce qui faisait dire au pape François, dans son tweet de jeudi dernier : « Ne renoncez pas à réver d’un monde plus juste »

Conclusion

Quel réconfort pour nous tous, si souvent  écrasés par de nombreuses épreuves ! Attachés au Christ, nous serons plus forts sur le chemin qui nous conduit au Père. « Personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler », nous a dit Jésus. C’est en étant solidement fixés au même joug avec lui qu’il nous fera mieux découvrir les secrets  que confie le Père des cieux, dans son immense bonté, à ceux qui se font « tout-petits ».











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