Toutes les homélies sont triées par temps particulier (AVENT, NOËL, CARÊME...) ou par année (A, B, C) pour le temps ordinaire. ... prière d'excuser parfois le style télégraphique (mode oral). Je ne prends pas toujours le temps de tout bien relire ...

vendredi 20 avril 2012

3° dimanche de Pâques B

Actes des Apôtres. 3. 13 à 19 : "Vous avez agi dans l’ignorance."
Psaume 4 : « Seigneur, que s’illumine ton visage. »
Lettre de saint Jean : 1 Jn 2. 1 à 5 : »Voici comment nous pouvons savoir que nous le connaissons. »
Evangile selon saint Luc. 24. 35 à 48 : »Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures. »




Avez vous déjà vécu un grand étonnement, une joie, sans oser y croire encore  ...

Par exemple, comme une naissance, on a l’enfant dans ses mains, mais il faudra du temps, il faudra que la maman nous raconte comme cela s’est passé pour vraiment réaliser.
une guérison, mais il faudra attendre les examens, l’avis d’un ou deux experts pour être sûr.
Une rencontre inattendue qui donne une grande joie, mais il faudra que la personne nous parle, et nous dise comment tout cela a été possible ...

C’est ce qui s’est passé pour les Apôtres. voici les disciples d’Emmaüs qui reviennent de leur rencontre avec le Christ
Quelle expérience pour eux !
Il marchait avec celui qui leur expliquait les Écritures, et c’est seulement à la fraction du pain qu’ils le reconnurent, mais Lui il disparut.

Comme il parlait de Lui, le Christ, celui-ci se trouva au milieu d’eux. «la paix soit avec vous»

Mais eux croyaient voir un esprit, aujourd’hui on dirait , il leur semblait avoir une illusion ...

Jésus s’étonne de leur étonnement : cela n’est-il pas normal ? Évident? Annoncer depuis longtemps dans les Écritures? 
Jésus n’avait il pas essayé de leur faire comprendre sa mort et sa résurrection au long des Évangiles?

Alors il veut vraiment leur montrer le réalisme de la résurrection, de son corps, de sa chair, de tout son être humain et divin.
«TOUCHEZ, PALPEZ, REGARDEZ, un esprit n’a ni chair ni os comme vous constatez que j’en ai»
Il leur montre ses mains et ses pieds

Mais eux dit l’Évangile : «n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement»

quel paradoxe : ils sont dans la joie, ils font donc une expérience positive
Mais ils ne croyaient pas encore nous dit Luc. En grec ils étaient incrédules , ils trahissaient une confiance .....

alors le Christ leur dit, «rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous»
«Alors ils leur ouvrirent l’esprit à l’intelligence des Écritures.»
Et il leur rappelle que tout était déjà annoncé, les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts, la conversion proclamée en son Nom à toutes les nations pour le pardon des péchés.

-Ainsi il ne suffit pas de voir, de toucher, il faut encore que notre esprit soit éclairé par la raison,  les Écritures,  Jésus doit nous ouvrir le SENS.
Alors,  tout à coup nous prenons pleinement conscience de ce qui nous arrive !!
Dans d’autres passages, il leur reproche leur incrédulité, mais là, non, Jésus prend le temps de leur faire la catéchèse ...
JP II nous rappelle que « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité.»

Mais surtout cet Evangile, nous rappelle que nous avons plus d’intérêt à écouter, qu’à voir, au moins dans un premier temps.
Nous pourrions croire le contraire, si nous verrions nous croirions ...
Pas sûr , en tous les cas ce n’est pas l’expérience des Apôtres. 

C’est parce qu’ils ont écouté le Verbe de Dieu fait chair, le Christ qui leur ouvrit l’esprit à sa propre Parole contenue dans les Écritures, et en particulier les Évangiles, qu’ils se sont mis à croire !
La présence de Jésus vivant, ressuscité en sa chair, confirmant ce qu’Il avait dit en Galilée.

C’est ce que le Bx Guéris d’Igny «lorsque Jésus se rendit présent devant ses disciples, il réussit à les convaincre moins en leur montrant son corps qu’en leur insufflant le don qu’il leur faisait : son Esprit»
Et encore « il est donc bien plus avantageux de concevoir Jésus dans son cœur que de le voir de ses yeux ou de l’entendre parler»


 Jésus dira à Thomas :  «Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui croiront sans avoir vu».   

Prenons quelques exemples qui parlent de la mort et de la résurrection du Christ:
On peut penser à Joseph, abandonné dans la terre, dans un puits par ses frères, puis après quelques aventures, c’est lui qui devenu le second de toute l’Égypte accueillera sa famille sauvée de la famine
On peut penser à la traversée de la mer rouge à pied sec
La destruction du Temple par Nabuchodonosor, puis après l’Exil sa reconstruction par Josué et Zorobabel (détruisez ce temple et en trois jours, je le relèverai)
Plusieurs passages de l’Évangile comme le grain de blé qui tombe et renaît

Pour nous donc, il est bon de voir Jésus présent dans sa vie, mais cherchons surtout à écouter, à croire, à méditer la Parole de Dieu, laissons l’Esprit Saint nous instruire, Il connaît mieux notre cœur que nous-mêmes , préparons-nous à la Pentecôte
Il serait bon de lire tous les jours la messe, l’Évangile, et nous laisser éclairer
peut-être plusieurs fois, il nous semblera ne rien recevoir, mais un jour la Parole qui est une flamme nous traversera le cœur, et là nous saurons que le Christ est vraiment ressuscité en sa chair ....


Car il ne faut pas rester à la Parole et à l’Esprit, il nous faut aussi recevoir le Christ en sa chair. C’est par sa chair, que nous recevons l’Esprit ... Croire en la résurrection de la chair implique bien des conséquences.
• C’est prendre au sérieux  l’incarnation «et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous» . L’incarnation : le plus grand cadeau de Dieu : voir Dieu en sa chair.
• C’est croire que Jésus est vraiment le Fils de Dieu humilié, pauvre, crucifié, mais que rien ne pouvait le retenir, certainement pas une pierre devant un tombeau !
• C’est prendre conscience petit à petit  que le même ressuscité dans la Gloire de Dieu est toujours le même. Il est toujours aussi humain avant et après la résurrection : on peut le toucher, le voir, il mange du pain et du poisson.
Il touche avec son corps d’homme, il aime avec son cœur d’homme.
• L’humanité n’est pas alors un problème, notre corps n’est pas qu’une simple enveloppe. Toute notre humanité, union mystérieuse entre la chair et l’esprit,  toute notre personne est infiniment importante, nous sommes ses enfants. Il nous faut prendre soin de notre corps et de notre âme tout en respectant la place de chacun.
• L’humanité est le chemin vers Dieu, et l’homme Jésus est l’unique chemin vers le Père.
Il ne s’agit pas de s’arrêter à  l’humanité du Christ, il faut aller jusqu’à sa divinité.  Mais c’est en découvrant toute la richesse de son humanité que nous pourrons toucher à notre tour un peu de sa divinité : le voir comme dit Jésus :  «qui me voit voit le Père»
•  Enfin c’est se tourner vers chaque homme , qui est comme le chemin vers le Christ.
C’est prendre conscience que Jésus a faim en chaque affamé, a soif en chaque assoiffé,  est seul en chaque solitude, a mal en chaque souffrant, est vivant en chaque vivant ... Aime en chaque amant ou amante ...

Laissons-le venir à nous. Il vient à nous dans cette eucharistie, comme autrefois avec les pèlerins d’Emmaüs, il nous explique le sens des écritures afin que nous puissions le recevoir pleinement.
Pour que nous puissions pleinement communier à Lui. En son corps, en ses affections, en sa psychologie, en son âme et sa divinité

Pour qu’il fasse un avec nous, pour que nous fassions un avec lui et entre nous. 

AMEN

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